
Et si vous étiez trop exposé aux actions américaines ?
Depuis plusieurs années, les marchés ont les yeux rivés sur les actions américaines, en particulier sur les géants technologiques du S&P 500. Leur performance spectaculaire attire l’essentiel des flux mondiaux, au point que beaucoup d’investisseurs se retrouvent aujourd’hui surexposés, souvent sans même s’en rendre compte. Mais cette concentration est-elle vraiment sans risque ?
Le S&P 500 : une illusion de diversification ?
L’indice S&P 500, souvent utilisé comme référence dans les portefeuilles diversifiés, donne une illusion de diversification. En réalité, près d’un tiers de la capitalisation du S&P 500 repose sur seulement sept entreprises – les désormais célèbres ‘Magnificent Seven’ : Nvidia, Apple, Microsoft, Amazon, Meta, Alphabet et Tesla.
En 2023, ces seules valeurs ont porté la quasi-totalité de la performance de l’indice. En leur absence, le S&P 500 aurait été quasiment flat. Ce déséquilibre pose question. Car au moindre ralentissement de l’une d’entre elles, c’est toute la dynamique de l’indice qui pourrait être remise en cause. La concentration du risque n’est plus une hypothèse, c’est un fait.
Dans ce contexte, il peut être pertinent de s’interroger sur d’autres zones géographiques, moins couvertes médiatiquement, mais potentiellement attractives. C’est le cas de la Chine, souvent résumée ces derniers mois à ses difficultés économiques, et notamment à sa crise immobilière. Pourtant, derrière les gros titres, un autre récit se dessine.
Une croissance robuste malgré les doutes
Selon les dernières estimations du FMI, la Chine devrait croître autour de +4,8 % en 2025, ce qui en fait l’un des pays à la trajectoire la plus dynamique parmi les grandes économies mondiales.
Si le rythme n’est plus aussi fulgurant qu’il l’était il y a dix ou quinze ans, il reste largement supérieur à celui des États-Unis ou de la zone euro. Le pays reste également un acteur central de la chaîne de valeur mondiale. Il concentre plus de 70 % des capacités de production de terres rares, ressources critiques pour l’industrie technologique, les batteries, les semi-conducteurs ou encore la défense.
Des valorisations historiquement faibles en Chine
Par ailleurs, certaines entreprises chinoises affichent des niveaux de rentabilité qui n’ont rien à envier à leurs homologues américaines. C’est le cas d’Alibaba, de Tencent, ou encore de BYD, leader de l’électromobilité. Pourtant, ces valeurs se négocient actuellement à des niveaux de valorisation historiquement bas, du fait de la prudence, voire de la défiance, de nombreux investisseurs internationaux. En témoignent les performances du CSI 300 — l’un des principaux indices de la Chine — qui a reculé d’environ 30 à 40 % depuis son pic de 2021.
“En matière d’investissement, ce qui est confortable est rarement profitable.”
Ce climat morose pourrait justement constituer une opportunité. Acheter lorsque le pessimisme est à son comble est souvent une stratégie gagnante à long terme. Comme le souligne Louis-Vincent Gave, analyste et chercheur basé à Hong-Kong : “La Chine est à la fois un marché frustrant… et l’économie la plus compétitive que le monde n’ait jamais connue.”
Une allocation trop centrée sur les États-Unis n’est pas sans risque
Il ne s’agit pas ici de parier aveuglément sur la Chine, mais de s’interroger sur l’équilibre de ses investissements. Une allocation concentrée à 70 ou 80 % sur les États-Unis, aussi logique soit-elle compte tenu de la domination actuelle des grandes valeurs technologiques, n’est pas sans risque. Une crise monétaire, une bulle sur l’IA, ou une instabilité politique pourraient peser lourdement sur les portefeuilles surpondérés en actions US. La diversification géographique est plus que jamais une nécessité stratégique, et non une simple théorie académique.
Intégrer progressivement des zones sous-évaluées comme l’Asie émergente, et la Chine en particulier, permet de rééquilibrer son portefeuille tout en captant des moteurs de croissance différenciants. D’autant que certains signaux macroéconomiques laissent entrevoir un rebond possible de la consommation intérieure, soutenu par des mesures de relance ciblées, notamment via l’assouplissement du crédit.
Repenser sa diversification géographique
En définitive, ce n’est pas tant une opposition entre la Chine et les États-Unis qu’une réflexion globale sur la concentration des risques. Les performances passées du S&P 500 ne garantissent en rien leur reconduction future. Et les opportunités ne se résument pas à la Californie.
Chez Odin Capital, nous sommes convaincus que la construction d’un portefeuille solide passe par une approche ouverte, rigoureuse et dynamique de l’allocation géographique. Nos conseillers se tiennent à votre disposition pour étudier la structure géographique de vos placements et identifier ensemble des opportunités d’ajustement.
Artcile rédigé par César DURANTIN.