
Crypto vs Or : deux approches pour se protéger de l’inflation
Une même promesse : échapper à la dilution monétaire
Que ce soit pour l’or ou pour Bitcoin, l’idée est la même : offrir un rempart contre la perte de valeur des monnaies traditionnelles. Car il faut le rappeler, les grandes devises fiduciaires comme l’euro ou le dollar sont structurellement inflationnistes. Elles perdent du pouvoir d’achat au fil du temps, à mesure que les banques centrales injectent de la monnaie dans le système.
Sur les 50 dernières années, le dollar a perdu plus de 80 % de sa valeur réelle. Et avec les politiques ultra-expansives menées depuis 2008, la masse monétaire a littéralement explosé. Dans ce contexte, la rareté est redevenue une valeur recherchée. Or, Bitcoin et l’or partagent ce même attribut : une offre limitée. Le stock d’or mondial progresse lentement, au rythme de l’extraction. Quant à Bitcoin, son code prévoit un plafond de 21 millions d’unités. Il ne pourra jamais y en avoir davantage.
Deux actifs rares, mais des comportements bien différents
Pour autant, si Bitcoin et l’or partagent la caractéristique de la rareté, leurs comportements sur les marchés n’ont rien de similaire. L’or est un actif historique. Sa valeur est largement moins sensible aux dynamiques de marché à court terme que les actions ou la crypto. Il est détenu par les banques centrales, utilisé dans la joaillerie et reconnu comme une valeur refuge largement partagée. En période de crise, sa stabilité est recherchée. Et ces derniers mois l’ont encore prouvé : avec des tensions géopolitiques et une incertitude persistante autour des politiques monétaires, l’or a atteint de nouveaux sommets, franchissant ponctuellement les 4 000 $ l’once en 2025.
Bitcoin, en revanche, évolue dans un tout autre registre. Plus jeune, plus spéculatif, plus sensible aux dynamiques de liquidité. Il ne bénéficie pas (encore) de l’assise institutionnelle de l’or, même si de plus en plus d’acteurs traditionnels s’y intéressent, notamment depuis l’approbation des ETF Bitcoin spot aux États-Unis. Sa valeur repose en grande partie sur l’adhésion à son récit : celui d’un actif décentralisé, rare, et indépendant des politiques monétaires. Mais cette narration se confronte parfois violemment à la réalité des marchés. Le 10 octobre 2025, le marché crypto a connu l’un de ses chocs les plus violents. En quelques heures, environ 19 milliards de dollars de positions à effet de levier ont été liquidées, provoquant une chute brutale de l’ensemble des cryptoactifs. Une correction massive, alimentée par un enchaînement de prises de profits, d’excès de levier, et de craintes macroéconomiques liées à la liquidité mondiale ; la profondeur de marché réduite a amplifié le mouvement. Ce genre d’événement rappelle que la volatilité reste une composante structurelle de cet actif.
Deux temporalités, deux usages
C’est peut-être là que se joue la vraie différence entre ces deux actifs : leur temporalité d’usage. L’or rassure dans l’immédiat. Il réagit aux tensions géopolitiques, aux craintes budgétaires, et conserve son rôle de protection en période d’incertitude. Il est largement reconnu et liquide sur la plupart des marchés. Sa fonction est éprouvée. Bitcoin, lui, propose une vision plus radicale, plus longue. Il ne cherche pas à s’inscrire dans le système existant, mais à en offrir une alternative. Il représente une forme d’assurance face à l’excès des banques centrales, mais son adoption réelle, sa stabilité et sa reconnaissance institutionnelle restent en construction.
Et pour votre patrimoine ?
Faut-il choisir entre les deux ? Pas forcément. L’investisseur patrimonial n’a pas à trancher entre tradition et innovation. Il peut au contraire intégrer ces deux logiques dans une allocation raisonnée. L’or conserve toute sa pertinence dans un portefeuille prudent ou défensif. Il reste peu corrélé aux actions, protège contre les crises systémiques, et agit comme un stabilisateur. Bitcoin, en revanche, peut s’envisager comme une exposition satellite, plus risquée, mais potentiellement rémunératrice. Sa rareté algorithmique, sa croissance structurelle et son lien avec les dynamiques de liquidité en font un actif alternatif à suivre de près à condition d’en accepter la volatilité.
Une allocation réfléchie plutôt qu’un choix binaire
Finalement, la vraie question n’est pas de savoir si Bitcoin remplacera un jour l’or, ou s’il faut choisir l’un contre l’autre. La vraie question, c’est : comment intégrer intelligemment ces deux logiques de protection au sein d’un patrimoine diversifié, en tenant compte de sa sensibilité au risque, de ses objectifs et de son horizon d’investissement.
Chez Odin Capital, nous pensons que la rareté, qu’elle soit minérale ou numérique, peut jouer un rôle stratégique dans une allocation. Mais encore faut-il en maîtriser les caractéristiques, la fiscalité, la liquidité, et la volatilité. C’est là que l’accompagnement prend tout son sens. Alors que l’inflation persiste et que les politiques monétaires restent sous tension, ces actifs “refuges”, si différents soient-ils, offrent des pistes concrètes pour renforcer la résilience de votre portefeuille.
Article rédigé par César Durantin.